[ Fiction Tokio Hotel - En cours ] L'écume de vos jours.

En espérant que cela ne vous fasses pas trop vomir.


Aux trois personnes qui ne liront jamais ceci : À Alexandre, mon Frère et Guide. À Caroline et Emma et l'inconditionnel amour qu'elles se portent, à leur histoire.

L'écume de vos jours.

Chapitre Un :

Mes poumons s'étouffaient, mes pensées asphyxiaient. La seule vue de cette infinie canitie me donnait la nausée, mes pensées se noyant dans une mare trop flasque de contention ; je me voyais mourir dans cette pâleur, sous une masse de palabres incessants – Je me voyais pendu aux lèvres de l'Homme, déchaînant ma vie en quelques mots, syllabes s'enchevêtrant dans un Chaos incohérent, consonnes s'engloutissant sous l'Histoire d'une vie inextricable, voyelles inintelligibles. J'étais là depuis trop longtemps, arrivant en avance par peur de louper le tournant qui me sortirait des méandres, je me retrouvais dans une solitude blanche – Seul à contempler les dépliants ornant la minuscule table, solitaire à lorgner les fauteuils blancs ; si peu nombreux que cela pût paraître stupide d'imaginer d'autres personnes avec soi -. Et telle une mer aveugle, mes chimères me découpaient de leurs lames, laissant au seuil de ma conscience une douce écume, les bourrasques exaspérant l'invisible Océan : « Que peut faire cet Homme, que changera-t-il à ta piètre existence ? Tu as vécu il y a trop longtemps, laisse la place à la déchéance. » hurlent les nébuleuses de l'abîme. C'est un premier rancard avec l'Enfer, je me voue à toi Lucifer.

La porte s'ouvre, la clenche tourne et sort de mon Calvaire un être humain. Un ange en larmes, une mère aimante qui court dans les bras de sa progéniture, et des pleurs. Trop de douleur, mon coeur est estropié – L'incandescence du déchirement de la fillette me brûle tout entier – et croisant ses yeux, je ressens la vigueur des affres qui viennent d'être remués et cependant, la mère dont les yeux carbonisent de chagrin console sa fille et la porte, oubliant le monde entier à cette heure. Je tuerai pour ne serait-ce qu'effleurer le sourire de cette fillette dont les cris résonnent encore dans ma boîte à pensées. L'Homme chevelu dont la voix tient déjà du soporifique « m'invite » à rentrer – Tout sonne comme une obligation -.
En ressortant du bureau du Psychiatre, la salle d'attente qui m'avait apparu au premier abord comme une porte vers le bagne est un éden, la sortie elle, demeure paradis.

Une salle de concert, des hurlements. Criardes délurés s'engouffrant dans les vagues fumeuses de l'adoration, mes trois premiers pas sur scènes sont accompagnés de piailleries de désir. Le spectacle commence, sur scène le monde entier – dans les gradins le Néant -. Puisque nous nous considérions comme le macrocosme, nous étions l'univers.


Sans prendre la peine de murmurer une formule de politesse quelconque, mes jambes accoururent vers la sortie, mes pensées vomirent. Génocide de l'âme. Il y un ange à ma fenêtre. Il y a un ange.

J'aurais souhaité arrivé dans un appartement où un poulet sillonnerait le four, où une femme arpenterait le salon aux côtés de sa montre, un lieu où le chien trépignerait d'impatience juste à l'idée de me revoir, mais rien n'en fût. Les murs blancs de ma piètre demeure patientait, eux ; Ornés de temps à autres de quelques photos qui marquaient profondément la fin de Tokio Hotel, les cendres s'envolant dans l'ouragan du passé laissant ma carcasse béante dépérir dans le plus profond caveau, symbiose parfaite entre le Néant et l'Apocalypse. Je ne suis plus rien, je ne suis plus qu'un être humain, dieu tombé de l'Olympe, les lèvres d'Hadès m'embrasent et je me meurt dans les paroles de jadis, celle qui nous faisait hurler dans la nuit, celles qui se disaient présentes et les murmures de l'Infini encombrant nos bagages. J'ai besoin de mon corps, j'ai besoin de vivre. Délibérez-moi Ô soldats de Géhenne, arrêtez le supplice.